Sascha Lehmann pose un talon légèrement fébrile sur la prise. Son corps tremble. Il respire, arrête de trembler. Il inspire à nouveau, prend le temps de délayer. Le voilà reparti. Il est parvenu à se refaire en ne tenant qu’une crougne abominable que le commun des mortels aurait du mal à qualifier de "prise d'escalade".
Il faut dire que Sascha Lehmann n’est pas n’importe qui. C’est un peu la superstar suisse de l’escalade de compétition. C’est un habitué des podiums de coupe du monde qui a déjà pris la première place devant Alex Megos ou Jakob Schubert, les grands du milieu. Et ce n'est pas peu dire !
Ce mardi 30 avril, le champion s’entraînait avec l’équipe suisse dans notre salle d’Echandens.
« On a ouvert quatre voies, deux pour les femmes et deux pour les hommes. Chez les hommes, la rose c’est un 8c+ et il est vraiment dur », explique Hadrien, chef ouvreur de la salle d’Echandens, en regardant l’équipe s’échauffer.
Liv Egli est la première à s’élancer chez les femmes. Elle croise la main gauche, descend le pied droit, vise la prise suivante. Le mouv’ est psychologique et aura raison de la volonté de la jeune fille. Elle glisse et se retrouve assise dans son baudrier.
Ce mardi, ils sont cinq à être venus avec leurs deux entraîneurs et vont chacun passer dans les voies en conditions compétition. Flash ou même à vue pour Sascha.
« Les prochains rendez-vous c’est en gros dans trois à cinq semaines. En fonction du niveau de chacun », précise Pirmin, l’entraîneur.
Pour Sascha et son coéquipier Jonas Utelli, ce sera destination Shanghai pour le premier tour de qualification du combiné pour les JO. Ils poursuivront avec Budapest et à l’issue de ces deux événements, les dix meilleurs repartiront avec un ticket pour les Jeux de Paris 2024. La compète majeure de l’année, celle qui fait rêver !
Hadrien et son équipe d'ouvreurs ont donc ouvert les voies au format Jeux olympiques. C'est-à-dire qu'ils ont mis des numéros qui indiquent aux athlètes combien de points ils remportent.
« Je pense que Sascha a toute ses chances. En difficulté, il est parmi les trois ou quatre meilleurs qui participent », sourit l’entraîneur.
Mais attention car avec le combiné, il faut aussi être bon en bloc.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la veille de sa venue à Echandens, Sascha était dans notre salle de Lausanne-Beaulieu, à broyer les prises de nos blocs. Il se murmure qu’elles ne s’en sont toujours pas remises.
En tout cas, ce mardi à Echandens, Sascha n’est pas parvenu à flasher les voies que les ouvreurs Grimper.ch avaient ouvert. Pas plus que Jonas, Nino, Liv ou Francesca, qui s’entraînaient à ses côtés.
« Ce n’est pas un manque de force, c’est principalement à cause de la technique », commente Pirmin. Des erreurs de lecture, des pieds au mauvais endroit, un manque d’engagement dans les jumps.
Alors Hadrien est content. Les ouvertures ont bien fonctionné.
« On filme pour pouvoir analyser ce qui est bien ou qui ne va pas. Mais on essaie de ne pas se focaliser de trop sur les erreurs sinon après les grimpeurs perdent confiance et ne pensent plus qu’à ça. Il faut un juste milieu », explique l’entraîneur de l’équipe nationale.
Finalement, Sascha parvient au sommet du 8c+ à son deuxième essai.
On retrouvera l’équipe suisse d’escalade dans notre salle de Villeneuve au mois de juin pour une nouvelle journée d’entraînement.
« Ils nous préviennent à l’avance pour qu’on puisse leur ouvrir des voies adaptées », raconte Hadrien.
« C’est vraiment des voies d’un super haut niveau. C’est primordial pour nous. Grimper.ch est quasiment notre partenaire le plus important pour les entraînements », affirme Pirmin.
Il faut dire que le dévers d’Echandens se prête particulièrement bien à ce type d’exercice avec son inclinaison qui ressemble à ce que les athlètes vont retrouver en compétition. Quant à Villeneuve, l’infrastructure est incroyable. Sans oublier Satigny où à l’heure actuelle on peut se chauffer dans deux 9a.
Pour ce qui est d’Echandens, « j’ai fait une sortie différente pour les prises bleues pour que la voie devienne un 7c+ », annonce Hadrien. C’est désormais la voie la plus facile du gros dévers de la salle.