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Et vous, vous ressemelez ? On vous emmène à l'Atelier du chausson
Que vous ayez le pied redoutablement précis ou que vous aimiez répandre de la gomme quand vous évoluez sur les murs, cela finit toujours par arriver : vos chaussons d’escalade s’usent et finissent par laisser entrevoir leurs entrailles.
C’est là que l'Atelier du chausson intervient.
« L’idéal pour faire ressemeler ses chaussons d’escalade, c’est quand au toucher, on sent que la gomme est très mince ».
Dans son atelier, situé dans la campagne de Vuadens, François récupère tous les chaussons que les clients de Grimper.ch envoient via les sacs mis à leur disposition dans les salles.
« Tout le process est décrit sur le sac ».
Et les choses sérieuses commencent. D’abord, confirmer la réception, tenir le client au courant de la réparation qui va être effectuée, ensuite, il s’agit d’attaquer la chaussure. En fonction de son état, la réparation ne sera pas la même : semelle complète, demi-semelle…
Au total, il faut à François environ 45 minutes par paire de chaussons. Mais réparties en une multitude de toutes petites actions qui lui prennent chacune une poignée de minutes tout au plus et qui doivent s'échelonner sur plusieurs heures.
« Dès qu’on voit apparaître un tout petit peu le cuir sur la pointe du chausson, là, il ne faut pas attendre. Si tu attends, c’est foutu ! On pourra ressemeler une fois, peut-être, mais pas davantage ! Alors que si t’es soigneux, que tu prends soin de tes chaussons, on peut les ressemeler jusqu’à trois fois ! »
Et l’avantage du ressemelage, c’est qu’il n’y a que des avantages : on économise de l’argent, on est gentil avec l’environnement en évitant de produire plus et surtout, on garde sa paire de chaussons adorée ! Parce qu’on le sait tous, les chaussons il faut les faire pour pouvoir être relativement bien dedans.
Voilà donc François qui dégomme la dernière paire arrivée. Etrangement et bien que l’atelier soit rempli vieux chaussons, aucune odeur de pieds ne flotte dans l’air, plutôt le contraire en fait !
« Je te dirai pas comment je fais pour obtenir cette odeur de neuf ! Mais si j’ai un conseil à donner, ce serait de sortir les chaussons du sac de sport après chaque session de grimpe. Il faut les faire sécher pour enlever toute trace d’humidité mais sans pour autant mettre les chaussons sur une source de chaleur directe. Et puis on peut leur mettre un petit coup de spray désinfectant ».
François s'installe ensuite à son banc de cordonnier et attaque à poncer la gomme de toute la partie avant du chausson. Il n'en garde qu'un peu, au bout, pour coller la pointe. Et sur cette fameuse pointe, il viendra ensuite coller une nouvelle semelle.
« Je commande des plaques d’environ 1m2 et puis je découpe la forme de la chaussure avec une cisaille de serrurier ».
Etape suivante : la colle, qu'il faut badigeonner uniformément sur les deux surfaces à coller. Rapidement, on constate que la gomme a tout absorbé. Il s’agit alors de faire fusionner la chaussure avec sa nouvelle pointe avec précision, en suivant les repères tracés au préalable.
Tous ces gestes, François les répète depuis plus d’un an désormais.
« Un matin, je me suis réveillé et je me suis dit "Bah, je vais faire ça" ».
Guide de montagne à la base, il a en effet dû réinventer sa vie après avoir été diagnostiqué avec de l’arthrite psoriasique.
« Quand on te dit ça, ta vie s’arrête. Et puis ça a été le gag, il a fallu apprendre les finesses du job. J’ai été en France suivre une formation chez Vibram. Mais t’apprends surtout en te loupant ! »
Une fois les chaussons encollés, François les met quelques minutes au four avant de les passer dans la presse orthopédique : 2 bars de pression pour coller définitivement la nouvelle semelle au chausson.
« Quand j’ai fini de ressemeler un chausson, on a une sensation différente, avec l’impression d’avoir quelque chose de plus épais sous le pied. Et puis tu grimpes trois fois et ta chaussure s’est remise à ton pied ! »
C’est que la gomme utilisée est à peine plus épaisse que celle d’origine.
François s'arme désormais d'une cisaille à cuir et enlève le surplus de gomme pour que la semelle soit impeccable avant un dernier passage par le banc de cordonnier, afin d'obtenir une chaussure lisse, propre et brillante, presque mieux qu’au premier jour !
En Suisse, le ressemelage n'est pas vraiment la norme. Les grimpeurs optent bien souvent pour un nouvel achat, quitte à reprendre la même paire.
« D'abord, il y a peu d'offre en termes de ressemelage, et puis ce n'est pas encore un réflexe. »
Mais entre les prix des chaussons qui augmentent et les considérations environnementales, le ressemelage semble avoir de beaux jours. Dans chacune des six salles Grimper.ch, vous trouverez des sacs pour envoyer vos chaussons se faire ressemeler par François.
« Alors je pense que les gens, ils sont contents quand ils voient arriver leur sac avec leurs chaussons tout neufs. On a jamais eu de retour, en tout cas ! »
